Samedi 9 avril, sortie l'après-midi au marais de Grée, 3 Sternes caspiennes sont posées au milieu d'une bande de laridés, un clin d'œil à ma future « expédition » , clin d'œil qui aurait pu être encore plus original, si les recherches d'un quelconque flamant ne s'étaient pas soldées vainement … Mais bon, on est quand même en 44.
Cette obs sympa annonce mon séjour du 13 au 19 Avril en Camargue, Crau, Alpilles et Étang de Berre.
Mardi 13 avril 2010 :
C'est le grand départ, je quitte avec excitation la L.A. et prends la route direction La Camargue. Sur le trajet, peu d'obs notables si ce n'est un beau balbu au dessus de l'autoroute, en Loire-et-Cher.
Ayant bien entendu fait une liste des spots à ne pas manquer, je ne peux m'empêcher de passer par la ville de LATTES, terre de jouvence pour les cocheurs...
Mais, contrairement aux espérances, seuls des Moineaux friquets et un Pouillot fitis relèveront le niveau lors de ce bref arrêt ! Ma première grosse désillusion … !
Arrivé sans encombres au camps de base, le « montage » de tente, express, se fait dans un concert de Sternes hansels et de centaines de mélanos regagnant leur dortoir. A la tombée de la nuit, un superbe mâle d'émerillon tente une attaque surprise sur les nombreux friquets du camping, ce qui n'a aucun effet sur le concerto des centaines de rainettes présentes (certaines même présentes dans les éviers et urinoirs pour le plus grand bonheur des touristes … ).
Mercredi 14 avril 2010 :
Premier jour de sortie tranquille, direction le Mas du Rousty, le niveau d'eau est trop élevé et très peu de limis y sont présents. Niveau rapace, un Busard cendré mâle en migration passe rapidement, un mâle pèlerin tue une femelle sarcelle d'hiver devant l'observatoire et tranquillement la mange pendant 20 bonnes minutes, sinon, pour les locaux, milans, circas, busards des roseaux et st martin subissent les foudres des quelques corneilles présentes.
Dans les roselières, panures et sangliers sont omniprésents et observables de très près.
Sur le plan d'eau, 3 Guifettes moustacs, 1 couple de Nette rousse, 1 chevalier culbanc, plus les habituels tadornes et échasses.
Dans les haies et la sansouire, 2 mâles de Bergeronette printa ssp cinereocapilla chantent à tue-tête accompagnés par les très présentes Alouettes des champs.
Une Fauvette mélano répète inlassablement son chant dans les tamaris.
Direction le Mas d'Agon, gros spot à gags, avec une bonne visibilité et des piafs assez près.
A peine arrivé, 1 crabier décolle d'une roubine et survole la roselière où 2 mâles de butor chantent. Quelques Hérons pourprés pêchent, non loin des limis présents : aboyeurs, sylvains, courlis cendrés et 1 corlieu. Les panures se repèrent facilement à leur cri vraiment typique.
Soudain, l'excitation monte, 6 Glaréoles à collier passent en vol, puis prennent de la hauteur et rejoignent les martinets et hirondelles chassant assez haut.
Aucune guifette cependant …
Passage au Grenouillet : sur ce site, peu de piafs, quelques Flamants roses, nettes, tadornes et cygnes tub., 5 Oies cendrées dont, certaines probablement estropiées, dénotent au milieu des colverts. Un busard st martin femelle, en vol assez haut me fait une belle frayeur, mais non ça n'était pas a Pallid Harrier !
Sur la route du retour : arrêt à l'obs du Mas Neuf, mais hormis une avocette et quelques échasses, pas grand chose à mettre dans l'oculaire.
En arrivant vers Basses-Méjanes, les rizières sont blindées de limis ; aboyeurs et sylvains composent le gros de la troupe, et sont accompagnés d'une dizaine de combattants et de deux bécasseaux minutes. Un centaine de guifettes moustac les accompagnent mais, pas de leucoptère ou de noire.
Jeudi 15 avril 2010 :
Ce matin là, visite de la Capelière, peu d'obs notables si ce n'est la vingtaine de bihoreaux habituels, 1 Héron pourpré, 2 couples de Sarcelles d'hiver, les magnifiques parades des échasses, au moins 2 Sternes pierregarins, les cigognes blanches du coin.
A peine sorti du parking, des cris typiques me font arrêter la voiture : 3 rémizs décortiquent les bourgeons des peupliers blancs au bords de la route. Les piafs sont très mobiles mais bien observés.
En fin de matinée, direction les Salins de Badon, en quête de limis à se mettre sous la dent. Mais, ici aussi, les niveaux d'eau sont très importants et même les flamants galèrent dans plus d'un mètre d'eau. Quelques nettes, chipeaux et souchets, un culblanc dans les sansouires au beau milieu des Bergeronnettes printa. iberiae et cinereocapilla. Point de rapace, si ce n'est 2 Busards cendrés mâles en migration et un circa.
Les Fauvettes mélanos sont omniprésentes, tout comme les rossignols et bouscarles. Un Râle d'eau se laisse observé au bord d'un canal.
Rapide détour par le Grenouillet, on ne sait jamais ! Mais, hormis les mêmes piafs qu'hier, point de gags, un couple de Coucou geai, complètement surexcité alterne chant, offrandes de nourritures et accouplements.
Le soir, passage au Mas d'Agon et à Chassagne pour tenter de chopper les glaréoles posées, mais nenni, hormis un oedicnème et les vanneaux nicheurs, zéro glaréoles. Sur le marais, une quarantaine de Guifettes moustacs passent, ne daignant même pas s'arrêter sur le site.
Vendredi 16 avril 2010 :
Rendez-vous pris à 7h00 avec Simon Beaudouin, photographe-naturaliste travaillant à la réserve du Scamandre (D'ailleurs, merci à lui et merci Aymeric ! ). Au programme, des dizaines d'ardéidés, bihoreaux, gardeboeufs, garzettes, Hérons cendrés et les stars de la réserve : les Ibis falcinelles.
Très nombreux, ils se reproduisent au milieu des autres espèces, dans un enchevêtrement de nids supportés par des tamaris.
Des Sternes hansels et Mouettes mélanos passent, quittant leur colonie pour aller se nourrir. Pas mal de Guifettes moustacs se baladent. Au loin, au dessus des héronnières, Hérons cendrés, pourprés et Grandes aigrettes s'activent.
Aucune talève, mais la hauteur des roseaux n'aide pas non plus à leur recherche.
Après ce super moment, je reprends la route en direction du Pont des Tourradons ; de très nombreux oiseaux de chaque côté, des Hérons pourprés notamment, et une Sterne caspienne (à 3 m de la voiture !) pêchent sur le canal qui la borde.
Arrivé au Pont, spot vraiment sympa, 1 Coucou gris chante, des Bruants proyers et Moineaux friquets animent les haies au bord de la route, 1 crabier et des bihoreaux se partagent les souches émergées, quelques Nettes rousses, 2 culblancs, une Bécassine des marais, une quinzaine de sylvains, et pas mal de Guifettes moustacs sont aussi présentes. Toujours pas de talève, malgré des recherches assidues.
L'après-midi est consacré au Pont des 5 gorges.
Dans la sansouires, 1 couple de Fauvette à lunettes m'injurie au sommet des buissons de soude. Sympa ce petit piaf !
Quelques chevaliers arlequins nuptiaux, un gambette, un Gravelot à collier interrompu , une quarantaine d'avocettes, pas mal de flamants, 2 Sternes pierregarins, 2 chipeaux, quelques Pouillots fitis et un Rougequeue à front blanc dans les tamaris + 2 spatules adultes en PN (plumage nuptial).
Samedi 17 avril 2010 :
Matinée passée aux marais du Viguéirat, malheureusement (un mal pour un bien), le parcours ouvert au public est en travaux, et les nouveaux observatoires et passerelles ne se créént pas dans le silence !
Très peu de piafs, un Héron pourpré, les 2 Cigognes blanches, un couple de Sarcelles d'été, quelques Sarcelles d'hiver, 2 chipeaux, 2 souchets, les omniprésents tadornes, également 2 Coucous geais très loquaces, beaucoup de Moineaux friquets, rossignols. Les Milans noirs sont en pleine construction de nids. Niveau limis : une vingtaine d'échasses, 30 sylvains, 1 gambette.
Direction l'Etang de Berre, célèbre pour son héron et ses étourneaux …
Commençons par les salins, pas mal de limicoles, les 3 espèces de gravelots, une cinquantaine de minutes, 8 Bécasseaux variables, quelques arlequins et gambettes, 2 guignettes. Malgré 1h30 passée à spotter au niveau des ruines, le contre jour n'aidant pas non plus, hormis 3 Etourneaux sansonnets et les choucas, c'est choux blanc pour les unicolores ! J'y reviendrai 2h30 plus tard avec le même résultat.
Devant cet échec monumental, passage rapide au port de Berre ou plutôt pèlerinage sur ce lieu mythique, mais le ptit lutin vert n'est plus sur le site depuis longtemps déjà …
Le besoin irrésistible de trouver quelque chose à me mettre dans le champ de vision, me pousse à un arrêt dans une roselière vers St Chamas.
Le milieu est constitué d'une grande roselière de phragmites, qui encercle ça et là, quelques petites mares, peu profondes. Un chemin la borde au sud, et permet ainsi de jeter un coup d'œil, bien que restreint, sur ce milieu. Pas mal de personnes se baladent. Voyant alors une sorte de bouche d'égout, située à un mètre à peine au bord du chemin, je m'avance et alors que je m'apprêtais à monter sur cette dernière, un piaf décolle de mes pieds !! Ne le voyant pas instantanément, je me rends compte quelques secondes plus tard que c'est un magnifique mâle de blongios qui est posé à ….. 2 m de moi dans un genêt. Aussi surpris que moi, le face à face dure 20 bonnes secondes ; après quoi, il regagne d'un vol rapide sa roselière située à 80 m de là.
Un des dessins, réalisé quelques minutes après l'obs, sur le terrain.
Après çà, un peu blasé, je ne trouverai rien d'autres, les marouettes espérées ne se montreront pas.
Dimanche 18 avril 2010 :
Ça y est, il est 6h25, je suis en Crau. Les paysages steppiques s'étendent à perte de vue autour de moi et m'obligent presque, à partir sur les traces du Ganga cata, et des autres habitants de ce milieu mythique et si singulier. Malgré la date un peu trop précoce pour observer le rollier, ces paysages, regorgeant de piafs, dont certains vivent presque exclusivement ici, méritent largement le détour.
A peine le sentier de Peau de Meau entamé, qu'un mâle d'outarde accompagné de 2 femelles m' offre son « pet » si sympathique.
Puis, des cris nasillards et répétitifs me réveillent rapidement, les gangas! Une bande de 17 individus passent rapidement en vol, en direction sans doute d'un point d'eau où ils pourront gorger leurs plumes d'eau, afin de désaltérer ainsi leurs poussins.
Sinon, beaucoup d'œdicnèmes, Milans noirs et Bruants proyers, mais aussi 2 Cochevis huppés et un grand nombre d'Alouettes de champs.
Arrivé à la Bergerie, une chevêche est posée sur le toit, non loin d'une quinzaine de Faucons crécerellettes qui animent le secteur. Les cris des faucons si particuliers, accompagnent ceux d'un couple de huppes.
Jusqu'à 8 h00, 2 autres groupes de gangas passeront avec respectivement 8 et 3 individus.
Dans les coussouls, Pipits rousselines et Traquets motteux s'activent ardemment pour défendre leurs territoires.
Puis, direction le mas Chauvet :
Le paysage est toujours aussi spectaculaire, avec les Alpilles en arrière plan.
A peine arrivé, les Alouettes calandres sont cochées ! En effet, 5-6 mâles paradent dur et chantent, leur taille assez costaude et leur chant permet de les repérer facilement.
Un peu plus loin, parmi les toujours aussi nombreuses alouettes des champs, 2 Alouettes calandrelles posées se montrent brièvement.
Pas mal d'autre piafs tels que huppes, Coucous geai, choucas, Traquets motteux, rousselines, Cochevis huppés et trois Pies-grièches méridionales dont un couple bien cantonné sont aussi présents sur le spot.
Sur un tas de pierres, assez loin, un gros mâle de Lézard ocellé, se prélasse au soleil. Belle bête !
Je quitte la Crau, pour me diriger vers le massif des Opies, à partir de la commune d'Aureilles.
Le chemin serpente dans la garrigue puis monte dans des milieux plus ras, qui abritent notamment le Traquet oreillard (à croire que la commune a choisi son nom en hommage à cette espèce) mais il est un peu trop tôt et l'espèce ne semble pas encore arrivée.
Dans les chênes verts, Fauvettes mélanos, pitchous et passerinettes paradent et chantent de façon ininterrompue.
Deux hirondelles de rochers rasent la falaise, un circaète fait du surplace, et enfin le seigneur du lieu entre en scène, l'Aigle de Bonélli : un adulte survole le site, puis prend une pompe et s'éloigne.
Non loin de là, parmi la multitude de mâles passerinettes, 2 Monticoles bleu se répondent.
Un fois arrivé, je rentre et prend la direction du Pont des Tourradons, il est 19h00.
Ça y est, j'y suis, il est presque 20h et les Sternes hansels regagnent leur dortoirs, pas mal de mélanos et de rieuses les accompagnent. Cinq Bécassines des marais, 15 bihoreaux, 2 pourprés, 5 sylvains, quelques moustacs (pas de leucos) et un superbe pèlerin qui passe très rapidement au dessus de la zone, mais pas de talève.
Je décide d'attendre la tombée de la nuit. Vers 20h45, 2 talèves crient et se répondent, mais malgré le calme et le beau temps, elles ne se montrent toujours pas. A regret, je quitte la zone vers 21h15.
Lundi 19 avril 2010 :
Le lendemain matin, je prends la direction du Mas d'Agon, sur la route vers Albaron, quelques Sternes hansels et une femelle de Busard cendré (bien détaillée !) se montrent au dessus des rizières. Les sternes semblent capturer de gros insectes aquatiques dans les rizières.
Arrivé au Mas, 2 femelle panures jouent les équilibristes sur des tiges de phragmites, quelques Nettes rousses, 3 spatules en PN, et 10 Ibis falcinelles se côtoient en compagnie de Grandes aigrettes, Hérons pourprés et garzettes.
Une turdoïde et au moins un butor chantent.
Sur les vasières récemment mises à nue, 2 gci, 6 aboyeurs, 2 Courlis cendrés et 7 arlequins se nourrissent.
Puis, déboulent 3 sangliers qui font décoller 2 spatules ; ils resteront à découvert pendant au moins 45 minutes, tout occupés à labourer la vase en queue d'étang.
Un bref passage à Chassagne et rien de nouveau.
Je pars alors vers les Baisses des 500 Francs et le They de sainte Ursule dans le but non caché de trouver un limi à me mettre sous la dent.
Sur place, une vingtaine de cocorlis en PN, une cinquantaine de Bécasseaux minutes grand minimum, 7 Bécasseaux variable, les 3 espèces gravelots, quelques Chevaliers arlequins, une cinquantaine de flamants, 5 Sternes naines, 15 caugeks, 3 pierregarins et plus d'une centaine de Goélands railleurs.
Dans les haies, non loin de la plage de Piémanson, pas mal de Pouillots fitis et véloces, également un Tarier des prés mâle.
De retour au camping, je prépare mes affaires pour rentrer sur Nantes, en ayant quand même un peu d'amertume d'avoir raté la talève. Les formalités réglées, il est 19h00, il me reste donc encore un peu de temps et, je repars en direction du pont des Tourradons, pour tenter l'ultime soir.
Arrivé sur le spot, les mêmes piafs que d'habitude sont là, les recherches de talèves sont toujours aussi peu fructueuses jusqu'àààààà ce qu'enfin une talève arrive en vol, se pose en lisière de roselière en compagnie d'une foulque et d'une poule d'eau (la famille au complet). Très craintive, elle décide finalement de s'éclipser sans bruit. YYesss, elle se montrera encore un peu plus tard, puis les pattes bien pendantes, s'envole pour virer une poule d'eau d'un autre massif de phragmites.
C'est sur cette dernière coche, que s'achève mon voyage qui m'a permis de découvrir des supers spots bien piaffeux …
H.
